Chacun
invente ses propres rites d'endormissement qui contribuent à
faire de nous une personne autonome. Après l'âge d'un an l'enfant doit
apprendre à s'endormir par lui-même sans l'intervention de ses parents.
Il est prudent en tout cas d'adopter très tôt comme principe
de quitter la pièce avant qu'il commence à s'assoupir. S'il
est habitué à s'endormir en présence de ses parents, ceux-ci font
partie des rites d'endormissement, au point qu'il devient impossible de
s'endormir sans eux. L'enfant doit alors apprendre à s'endormir
autrement (le soir ou pour sa sieste) et à se rendormir de même au
milieu de la nuit lors des brefs réveils nocturnes (parfaitement
normaux et au nombre d'environ 8 par nuit de sommeil normale). Cet
apprentissage n'a rien d'agréable. Même s'il améliore rapidement le
bien-être de tous les membres de la famille, il demande souvent quelques
nuits pénibles pendant lesquelles l'enfant
pleure de manière prolongée. Aucun dommage physique ou psychologique n'est
à craindre. On préfère néanmoins une approche graduelle et structurée
destinée à minimiser l'anxiété et la durée des pleurs. Les schémas
ci-dessous ont été utilisés avec succès dans les cas les plus difficiles.
En fait n'importe quel schéma peut marcher, à condition que les parents s'y
tiennent fermement en attendant de plus en plus longtemps avant de répondre aux appels de l'enfant (quitte à lui parler à
travers la porte s'il semble inquiet).
NOMBRE DE MINUTES D'ATTENTE AVANT D'ALLER VOIR
BRIEVEMENT (DE 1 A
3 MINUTES) UN ENFANT QUI CRIE
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jour
|
la 1ère fois
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2ème fois
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3ème fois et suivantes
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1
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5 minutes
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10
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15
|
2
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10
|
15
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20
|
3
|
15
|
20
|
25
|
4
|
20
|
25
|
20
|
5
|
25
|
30
|
35
|
6
|
30
|
35
|
40
|
7
|
35
|
40
|
45
|
En adoptant un comportement cohérent, les
parents donnent un signal de grande valeur éducative et foncièrement
calmant : ils n'abandonnent pas la maison, ils viennent finalement, on peut prévoir quand. Il est difficile pour un jeune
enfant d’insister avec autant de force s’il est sûr qu’il
devra encore attendre de nombreuses minutes. L’enfant qui
appelle au milieu de la nuit ressent souvent au fond de lui sa
demande comme peu raisonnable, mais s’en sert néanmoins pour tester
ses parents. En se montrant capables de tracer des limites, de s’y
tenir et de résister sereinement, ils projettent l’image
parentale rassurante et forte qu'il attend et dont
il a besoin.
Si l'enfant commence à se calmer au bout d'une
période égale au nombre de minutes indiquées, on la prolongera un peu pour
le laisser s'endormir. S'il crie toujours aussi vigoureusement on rentrera
brièvement dans la pièce pour le rassurer qu'on est là et qu'on l'aime, sans le prendre ou le sortir de son lit. .
Il est bon que les parents se partagent le
travail, par exemple en prenant, l'un la première moitié de la nuit l'autre
la deuxième. Mais il ne faut pas laisser l'enfant choisir le
parent qui se rend auprès de lui. En l'occurrence ne pas céder son tour est
une manière de dire à l'enfant qu’on l’aime.
Si un autre enfant occupe la même chambre, il est
parfois nécessaire de le faire dormir ailleurs
pendant quelques jours. Comme les enfants désirent généralement être
réunis, celui que vous éduquez aura une raison supplémentaire de
collaborer. On conseille de commencer l'entraînement un week-end ou en tout
cas à un moment où il est possible de se reposer pendant la journée. Si on
occupe un logement mal insonorisé, il est parfois utile d'avertir les
voisins et de leur expliquer ce qui se passe.
Si l'enfant est assez grand et part à la recherche
de ses parents en quittant son lit, voire sa
chambre, il doit d'abord apprendre à rester au lit.
Une bonne méthode est de bloquer sa porte - de
préférence sans la fermer à clé - tant qu'il sort de son lit. Il ne s'agit
pas de l'enfermer pour le reste de la nuit (ou de sa sieste) mais pendant des périodes limitées, successives et de
longueur croissante durant lesquelles le dialogue reste possible. On veut
lui apprendre à s'endormir seul, pas l'effrayer
ou le punir. C'est lui au fond qui décidera si la porte est ouverte ou fermée.
On peut préférer une barrière infranchissable. Dans ce cas il faut rester
hors de vue tant qu'elle est fermée.
Les mêmes principes sont d'application :
NOMBRE DE MINUTES PENDANT LESQUELLES LA PORTE (BARRIERE) DOIT ETRE FERMEE SI L'ENFANT NE RESTE PAS DANS SON LIT
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|
jour
|
1ère fermeture
|
2ème
|
3ème
| 4ème et suivantes |
|
1
|
1 minute
|
2
|
3
| 5 |
2
|
2
|
4
|
6
| 8 |
3
|
3
|
5
|
7
| 10 |
4
|
5
|
7
|
10
| 15 |
5
|
7
|
10
|
15
| 20 |
6
|
10
|
15
|
20
| 25 |
7
|
15
|
20
|
25
| 30
|
S'il est au lit quand on
ouvre finalement la porte on lui parle brièvement, on l'encourage et on
s'en va sans bloquer la porte. S'il est toujours hors de son lit on lui
rappelle la règle qui impose la fermeture de la porte, on le remet au
lit - si on peut y arriver facilement - et on referme pendant la durée
prévue. On ne rouvre la porte qu'au bout de cette période, même s'il est
rentré dans son lit avant (mais on peut lui parler à travers la porte
pour l'informer du temps qui reste).
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Adapté
par Baudouin F. Petit du livre "Solve your child's sleep
problems" (1985) de Richard Ferber, pédiatre à l'Université Harvard.
Edit. Dorling Kindersley (GB) ou Simon & Schuster (USA).
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