Introduction
L'énurésie
se définit par la survenue habituelle de mictions pendant le sommeil après
l'âge de six ans. Un garçon sur 20 urine toujours au lit à six ans, et
une fille sur 20 à 5 ans. Il s'agit donc d'un problème
fréquent, souvent responsable d'un stress familial. Parfois
l'enfant énurétique est considéré comme
malade ou rebelle, quand on ne soupçonne pas
chez lui des troubles émotionnels relevant du psychologue
ou du psychiatre. En réalité l'énurésie
est avant tout un retard de maturation. Dans certaines
familles on n'est sec la nuit qu'à 12 ans. Une composante
organique peut être présente, ce qui justifie une approche médicale. En
revanche des consultations psychothérapeutiques se justifient
difficilement. Ce qui ne veut pas dire que les erreurs psychologiques
soient sans conséquence. Il est démontré que
l'attitude
de l'entourage peut retarder l'acquisition de la continence.
En revanche aucune psychothérapie n'est indiquée, ni utile
pour hâter la disparition des accidents nocturnes.
Attitude proposée
-
Analyse
des urines pour exclure une infection.
-
Mesurer
la capacité vésicale fonctionnelle : c'est-à-dire la quantité d'urine
émise quand l’enfant éprouve le besoin d'uriner. Une dizaine de mesures
suffit généralement. Elles permettent de connaître la dimension
fonctionnelle de la vessie, mais aussi de détecter une vessie instable
si les mesures diffèrent beaucoup les unes des autres. Normalement la
capacité de la vessie est de l’ordre de 85 ml vers deux ans. A 4 ans et ½ elle atteint 200 ml, ce qui permet la continence nocturne. Elle
augmente moins vite ensuite ; à 7 ans et ½ on la situe aux environs de 225 ml.
-
Dans le doute, on demande une échographie des voies urinaires pour apprécier le volume,
la forme, l'épaisseur de la vessie, exclure une éventuelle dilatation
localisée ou des calculs.
-
Exercices
mictionnels pendant la journée : essayer de s'arrêter d'uriner au milieu
de la miction et reprendre ensuite pour vider (complètement) la
vessie. Ce dernier point
est important, un résidu
vésical est une
source d’infection.
-
Vider
la vessie chaque fois qu'on quitte la maison.
-
"Injonction
paradoxale" : ne pas attacher d'importance - ouvertement ou non - au
fait que l’enfant soit
sec la nuit. Dans la mesure où les facteurs psychologiques jouent un
rôle, moins on s'en préoccupe mieux cela vaut. Un verre d'eau sur la
table de nuit est une manière symbolique de manifester la tolérance de
l'adulte. Cette méthode a fait ses preuves dans les homes pour enfants.
En revanche l'enfant qui subit la pression de son entourage
et se réveille mouillé a le sentiment qu'il déçoit
ses parents, qu'il n'est pas à la hauteur de leurs attentes, il
craint diffusément la nuit suivante.
Et on sait que même très limitée, l'anxiété fait monter la pression à l'intérieur de la vessie, augmentant
le risque d'incontinence pendant le sommeil.
-
Respecter
l'autonomie la nuit : si on a renoncé aux langes l'enfant doit changer
lui-même ses draps et ses vêtements.
-
Mesures
actives :
-
Si
la vessie est petite ou instable, un traitement médicamenteux (généralement l'oxybutynine) peut l’aider à reprendre sa
croissance.
-
Si
la vessie est stable et de taille normale : Pour autant que l’enfant soit
motivé, on peut lui offrir un «journal de nuit »
qui doit rester un journal intime. Personne n’a le droit de le lui
demander. Chaque page de
gauche est divisée en 7
parties pour les jours de la semaine. Chaque nuit sèche est « récompensée » par
une petite gommette que l’enfant peut y coller, rien ne sanctionne les
nuits humides. Plusieurs nuits sèches consécutives donnent le droit de
coller une étoile et si toute la semaine a été sèche, l’enfant peut faire un dessin sur la page de
droite. Cette méthode se fonde sur la technique psychologique de renforcement positif : on
souligne les succès, on ignore les échecs. Les médicaments sont de moins en moins utilisés. L'hormone
antidiurétique (Minirin) en inhalation nasale réduit
la production d'urine pendant la nuit et le risque
d'incontinence nocturne, mais si ce traitement permet de faire
face à des situations particulières (nuit à l'extérieur,
participation à un week-end, à un camp), on ne peut en
attendre des effets durables.
- Une méthode non médicamenteuse
est l’alarme nocturne qui sonne
quand l’enfant urine au lit. Il s’agit d’une application des
réflexes conditionnés de Pavlov.
Très vite l’enfant se réveille avant d’uriner. Les échecs sont dûs à
un sommeil trop profond : « tous les occupants de la maison
sont réveillés, sauf l'enfant ...". Cette réserve mise à part, la
technique est remarquablement efficace et le taux de succès approche
100 % pour les filles.
Lorsque la continence nocturne est atteinte, on conseille de
faire boire abondamment avant le coucher, pour susciter des
accidents, et des alarmes,
qui consolideront la
« guérison ».
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