On dit que l'allaitement
revient à la mode. Ce
n'est évidemment pas
une mode. Le lait maternel est
supérieur à tous les laits artificiels,
même très élaborés,
qui en restent
des imitations. Si la
maman en a envie et que la situation socio-familiale le permet,
l'allaitement maternel est très certainement le meilleur
régime.
En Suède grâce à
de longs congés payés de maternité, 70 % des
mères allaitent encore leur bébé de 7 mois. On pense que cet
allaitement prolongé est la raison principale de
la meilleure santé des enfants suédois de moins de 7 ans
par rapport à ceux des pays voisins.
L'allaitement protège presque
complètement le bébé contre
les infections intestinales, et réduit sensiblement le risque
allergique, y compris à long terme (l'effet favorable sur l'incidence
et la gravité des allergies reste acquis plus de 20 ans après !). Les
bébés allaités font moins d'anémie. Leurs infections respiratoires
sont moins fréquentes et guérissent plus vite. Les méningites, les
otites et les infections urinaires sont plus rares, et aussi les
morts subites.
La
mâchoire grandit mieux et plus tard on constate moins de problèmes
orthodontiques. Les enfants qui ont été allaités souffrent moins souvent
d’appendicite, d'obésité, de maladie coeliaque, de diabète, de certains cancers. Il y a même un effet mesurable sur
l’intelligence : en moyenne un gain de 8 points de
quotient intellectuel chez les enfants allaités, ne fût-ce que 3-4 mois.
L'allaitement maternel bien compris s'adapte avec
précision aux besoins du nourrisson, et
renforce le lien affectif
mère - enfant.
L’allaitement a également des
effets favorables sur la mère. Pendant la période
d'allaitement la densité de ses os augmente, ce qui offre une protection à long terme contre
l’ostéoporose, à condition que l’apport alimentaire en calcium (et en
vitamine D) soit suffisant. Les femmes qui ont allaité font
également moins de cancers du
sein et des ovaires.
Allaiter à la demande
Que dire en
tout premier lieu à une maman qui veut
réussir son allaitement en mettant
toutes les chances de son côté ? Il faut
d’abord la mettre en garde contre la notion
d'horaire, surtout au cours des
premiers jours. La montée du lait dépend de la fréquence avec laquelle le
bébé prend le sein. En suçant le téton et surtout en
vidant le sein, il stimule la sécrétion de lait,
et adapte rapidement
la production à son appétit
(qui n'est jamais excessif
; il sait très bien ce qui lui faut).
Si peu après la naissance, les
seins sont gonflés par la montée du lait, ce gonflement régresse au cours
des premières semaines. Les seins
stockent moins de lait et la plupart des mères qui allaitent
reviennent alors à des soutiens-gorge plus petits. Cela
ne signifie pas qu’elles ont moins de lait , mais qu’une
fraction plus grande de leur lait (la moitié
environ) est produite pendant la
tétée
Il est particulièrement important de s'en souvenir quand le bébé atteint l'âge de trois semaines. A ce moment chez la quasi totalité des bébés
allaités, on constate une brusque augmentation d'appétit. Du jour au
lendemain le petit nourrisson se réveille plus souvent, s'agite
davantage, demande plus vite à boire. Malheureusement c'est
souvent à ce moment que se terminent les aides dont la maman
bénéficiait peu après la naissance, avec comme conséquence une fatigue qui
peut conduire à une vraie réduction de production, surtout en
fin de journée. Il s'agit d'une vraie crise qui ne se résout
bien que si on la comprend. Il faut se reposer, renoncer
pendant quelques jours à toutes les activités non essentielles, et
nourrir aussi souvent qu'il le faut.
* *
*
D'une
manière générale, pour que l'allaitement démarre bien, il faut
offrir le sein dès que l'enfant montre des signes d'éveil. Et si le
bébé a faim, même une demi-heure après le repas précédent, ce
qui n'est pas rare au début,
il faut le nourrir, et
aussi souvent
qu'il le demande. En général
la maman sait mieux que
personne si son bébé a faim ou s'il a simplement besoin
d'être serré contre elle. S'il n'est
pas satisfait après avoir tété
les deux seins l'un
après l'autre, chacun
pendant dix
minutes, il ne faut pas
hésiter à lui offrir encore le premier
sein, et ensuite le second, cinq
à dix minutes chacun (repas de "quatre seins"). Toutefois la durée
totale d'une tétée ne devrait jamais dépasser une demi-heure.
C'est
la seule manière d'obtenir que le
bébé soit heureux,
détendu et satisfait, et que la
maman prenne plaisir à nourrir, ce qui n'est
pas moins important.
Dans certaines maternités on donne parfois le
conseil - plutôt mauvais - de ne donner qu'un sein à la fois.
Mais un sein qui n'est pas vidé produit moins. Cette
technique freine la production de lait, ce qui peut se
justifier si la maman en a trop. Mais la plupart
des mamans qui allaitent s'efforcent au contraire de stimuler
le plus possible leur production, ce qui est important
en fin de journée, quand la fatigue limite la
sécrétion.
* *
* C’est aussi faire fausse route
de mettre trop vite l'accent sur
un horaire. Il n’est pas
raisonnable d’opposer une norme rigide aux besoins de
l'enfant et au plaisir de nourrir de sa maman.
Si elle écoute plutôt son bébé
que son entourage (bien intentionné
mais pas toujours bien informé) elle constatera
vite que l'enfant prend de plus en
plus de lait
à chaque repas
et que les tétées s'espacent spontanément.
Et la nuit, le bébé se réveillera de moins
en moins souvent.
Toute régularité doit être encouragée, dès que possible,
mais ce n’est qu’à partir de deux mois environ qu’il
faut vraiment s'efforcer de stabiliser l’horaire. Dès ce moment une journée
régulière et donc prévisible devient
importante
psychologiquement pour rassurer, structurer le monde du
bébé. * *
*
Si l'enfant est au sein, sa
croissance et son bien-être sont la meilleure manière de savoir s'il a
assez à manger. On conseille de toujours nourrir à la
demande, même si l'espace entre les tétées se réduit
parfois, surtout le soir, à moins d'une heure. Et il est prudent de ne pas dépasser un
intervalle de deux heures entre les tétées du matin. Plus l'enfant aura bu
la journée, moins il aura besoin de boire la
nuit. Une
objection souvent émise, même par des professionnels de la
santé, contre les repas fréquents est
qu'ils favoriseraient les coliques. Il ne fait pas de doute
que certains bébés, surtout au biberon et même au sein, se
portent parfaitement bien en buvant 5 ou 6 fois par jour.
Mais pour un bébé allaité, ce conseil est
imprudent. Il conduit souvent à des pleurs
incessants,
dès la fin du repas, parfois interprétés à tort comme "coliques" alors
qu'il s'agit de pleurs de faim. A cet égard une observation qui a
longtemps intrigué les ethnologues conteste le lien
que certains supposent entre des repas fréquents et les malaises
digestifs des nourrissons. Dans le désert du Kalahari en
Afrique, où vivent les Hottentots, les mères ont l'habitude
d'allaiter leur bébé pendant deux ans comme partout en Afrique noire,
mais la fréquence de ces repas est particulière : tous les
quarts
d'heure pendant la journée. Ces bébés se
portent bien, grossissent normalement, ne souffrent pas de
coliques, ni de
régurgitations. On a fini par découvrir que cette
stimulation fréquente du mamelon induit une suppression
quasi complète de l'ovulation. Il s'agit donc d'une
technique d'espacement des naissances, précieuse quand la
nourriture est
rare et qu'un groupe humain de trop grande taille est menacé
de famine. Il va sans dire que cette méthode
contraceptive n'a aucune place dans notre environnement,
mais elle n'en démontre pas moins que des tétées même
très fréquentes ne sont pas - a priori -
problématiques pour les bébés. En moyenne chez les enfants satisfaits qui pleurent peu,
le nombre de tétées par 24 heures se situe souvent entre 8 et 12.
Ces bébés nourris plus fréquemment que la plupart des
enfants au biberon boivent moins avidement, avalent moins d’air, leur
estomac est moins surchargé et leur confort digestif est
meilleur. On observe moins de coliques et de
régurgitations chez eux. Ils font moins de renvois, ou n’en font pas
du tout.
* *
* Au début
les selles des bébés au sein sont fréquentes,
mais ensuite chez certains, les
selles se raréfient. Il est courant
de n’observer que 2 ou 3 selles par semaine ou moins
encore. Si ces selles ne sont pas dures et que l’enfant
n’est pas ballonné, la situation est
normale et on ne parle pas de constipation.
Avant la tétée : préparer le sein
Il arrive
que le téton ne soit pas suffisamment saillant et que le bébé le prenne
avec difficultés. Dans ce cas, il faudra :
- Bien nettoyer le
mamelon à l'eau distillée
ou au sérum
physiologique.
- Frotter le mamelon avec un
glaçon pour provoquer l'érection du téton.
- Frotter doucement le téton
avec une tranche de citron fraîche, pour le
durcir.
- Sécher
sans frotter. Le séchage se fera en tamponnant avec un petit morceau de
gaze ou mieux encore avec un sèche-cheveux.
Si malgré
cela, le téton n'est pas encore assez
saillant, on pourra
souvent le "faire sortir" en pinçant le mamelon,
tiré en même temps vers le haut. Maintenir le mamelon en bon état
La
sécrétion du lait est constante,
et les mamelons
sont continuellement mouillés
de lait. Il vaut
mieux les laisser sécher en
permanence au contact de l'air que de les couvrir d'un
linge rapidement trempé qui
provoquera de la macération ou des
crevasses. A cet égard il vaut mieux
éviter les soutiens-gorge qui
compriment le mamelon,
préférant ceux qui découvrent
les bouts de
sein. On préférera une
chemise de nuit ample, flottante, laissant les mamelons
libres. Une bonne hygiène du mamelon implique des
soins très simples :
nettoyage à
l'eau ou au
sérum physiologique,
utilisation éventuelle de
glace et de citron en cas d'irritation.
Il faut éviter
les crèmes et pommades qui empêchent la peau de
respirer et de
sécher. Et en cas de crevasses ?
Les crevasses sont des
fissures du téton, qui saignottent, font mal et sont
une cause fréquente d'arrêt de
l'allaitement. C'est dommage,
car un bon traitement en
vient généralement à bout en vingt-quatre heures à
peine. Les mesures détaillées
plus haut doivent permettre
de les éviter, mais que faire si des crevasses se sont développées
?
Certaines
mamans "tirent" leur lait, mais sont souvent déçues
de la quantité qu'elles obtiennent de cette manière. En
réalité le bébé normal est plus perfomant pour
extraire le lait du sein. Le tire-lait sous-estime
souvent la production et ne la stimule pas aussi bien. Pendant la tétée
une "tétrelle", un mamelon en silicone posé sur le
téton, réduira sensiblement la douleur. Après la tétée
on nettoiera le
mamelon avec
du sérum
physiologique. On séchera sans
frotter. Ensuite, on appliquera
l'équivalent d'une cuiller à dessert d'argile verte
moulue fine (disponible en pharmacie), directement sur
le mamelon et les crevasses à l'aide d'une compresse de gaze sèche
maintenue en place par un
soutien-gorge "à fenêtre"
jusqu'à la tétée suivante. D'autres produits utiles sont la crème Lansinoh ou l'huile Démeter. Dès la guérison des crevasses, les soins du
mamelon décrits plus haut, avant et après la tétée, préviendront la
récidive.
En cas d’urgence :
Infor-allaitement, téléphone (02)
242-9933
Groupes de soutien sur internet :
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