Que faire contre les rhumes ?


 


Le rhume est sans doute  la maladie la plus courante  dans les climats froids et tempérés. Elle est pourtant souvent  peu ou mal soignée, alors que des précautions ou des  traitement préventifs et curatifs simples ont  montré leur efficacité, surtout quand on les combine et en cas de rhumes à répétition.

Traitements   immédiats :


(1) Dès le début d'un rhume et pendant une semaine environ, pas davantage,  prendre  une préparation adaptée de   zinc par la bouche.  Ce traitement combat  les rhinovirus responsables de la majorité  des rhumes et tend à   stimuler l'immunité.  Chez l'adulte et l'enfant  à partir de 4-5 ans, on peut utiliser des pastilles à sucer  "Influzinc" (1/2 comprimé chez les plus jeunes enfants) 3-4 fois par jour.  Chez les bébés, on recourt à une préparation magistrale : par exemple  du gluconate de zinc à 5 % dans un sirop,  à prendre 3 fois par jour à la dose de 0.1 ml  par 3 kg de poids corporel et par dose.  On  peut espérer une atténuation des symptômes et un raccourcissement de l'évolution.  Ce qui  pourrait  être  particulièrement  intéressant chez les nourrissons :  plus de la moitié des bronchiolites non hospitalisées sont dues à des rhinovirus,  aucune toxicité  n'est à craindre mais jusqu'ici aucune étude n'a permis d'affirmer l'utilité de cette approche...

(2) Ne pas attendre pour décongestionner le nez au Rhinathiol antirhinitis. On peut ignorer  l'avertissement administratif  qui restreint ce médicament aux enfants de plus de douze ans. Le médicament est utilisé depuis plus de trente  dès  l'âge d'un an.  On ne prend aucun risque si on ne dépasse pas les doses conseillées :  maximum  1 ml / kg / 24 h , à diviser  en 2 ou 3 doses orales,  tant que cela semble utile.  Il est souvent bon de  combiner ce traitement à un expectorant  (fluidifiant des sécrétions)  comme  la bromhexine, l'acétylcystéine,  la carbocistéine, mais il faut éviter  d'administrer ces médicaments après 17 heures  pour ne pas augmenter les sécrétions de la nuit.  C'est surtout en cas de bronchite, d'asthme  et en dessous de 12-18 mois que les expectorants   ont cet effet, et même la journée.  Dans ce groupe d'âge le meilleur expectorant reste   l'eau  : il  faut en boire suffisamment  pour humidifier les muqueuses et combattre l'asséchement des sécrétions qui les  rend collantes et   difficilement mobilisables. Par  contre  l'humidification de l'ambiance  n'est pas conseillée.

(3)  Nettoyer les narines bouchées ou encombrées de sécrétions au  sérum physiologique, est  aussi efficace que les gouttes décongestionnantes nasales - du moins si on utilise aussi  un décongestionnant par la bouche - et sans le risque d'irriter le nez. La rhinite médicamenteuse est  fréquente chez les jeunes enfants, elle se présente sous la forme d'une congestion nasale provoquée par les décongestionnants locaux. Les antibiotiques  locaux  sont d'une  efficacité contestée et sans doute rarement utiles. 

(4)  antipyrétiques  :   la fièvre joue un rôle dans  la  lutte contre les virus.
 La combattre trop vigoureusement peut  prolonger ou aggraver  la maladie. Chez l'enfant  on ne parle pas de fièvre avant 38°C et on déconseille généralement de la traiter avant 38.5°C.  Il est raisonnable d'administrer des médicaments anti-fièvre quand elle s'accompagne d'abattement, de refus de boire, ou qu'elle approche ou dépasse 39,5°C,  mais sinon  on peut souvent se contenter de la surveiller en faisant boire le plus possible. Les bains tièdes ne sont pas plus efficaces qu'un déshabillage (torse nu) dans une pièce à température normale.  Si on donne un médicament contre la fièvre, le paracétamol  est préférable à l'ibuprofène qui peut  irriter l'estomac et affaiblir l'immunité.  S'il faut utiliser ce dernier médicament on a intérêt à le faire de manière plus ponctuelle en le répétant le moins possible. Des cliniciens pensent que  l'usage régulier d'ibuprofène  favorise  les infections  ORL récidivantes.

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Traitements préventifs et de fond  :

(5)  vitamine D :  manquer de vitamine D peut provoquer des déformations osseuses dues à une absorption insuffisante de calcium (rachitisme) et plus tard contribue à l'ostéoporose  mais  affaiblit également l'immunité, contre les infections et  certains  cancers (sein). On peut proposer  par exemple  10 gouttes buvables de D-cure par jour, toute l'année,  chez les bébés et les jeunes enfants. Ce traitement peut être remplacé par des ampoules buvables de D-cure (25.000 U)  à prendre une à deux  fois par mois dès qu'on est capable de sucer le contenu de l'ampoule.  Et il est conseillé de poursuivre cette prévention toute la vie.

(6)  Probiotiques :
 améliorer la flore intestinale a des effets favorables sur la résistance aux infections, même   respiratoires. A cet égard  l'allaitement maternel procure  la meilleure flore possible. Beaucoup de laits pour nourrissons poursuivent le même  objectif  grâce à l'addition de pré- ou de probiotiques, mais ces laits sont rarement utilisés après l'âge de 30 mois. Ensuite,  on peut prendre quotidiennement un  yaourt au bifidus et/ou donner par exemple Protectis   5 gouttes par jour, au moins pendant tout l'hiver

(7)   Vaccination  contre la  grippe :   la grippe et les rhumes sont des maladies distinctes.  Toutefois la grippe est une maladie  débilitante qui fragilise  l'organisme et  le rend  vulnérable à  d'autres  infections.  C'est sans doute ce qui explique   l'effet protecteur  observé dans les crèches  vis à  vis d'autres virus hivernaux quand on vaccine systématiquement contre la  grippe en  début de saison froide.  Le vaccin grippal  n'est pas efficace, ni validé avant l'âge de  six mois,  mais dès  cet âge,   de bons  experts en maladies infectieuses le  conseillent   à  tous les nourrissons, ainsi qu'aux enfants, adolescents et jeunes adultes jusqu'à l'âge de dix huit ans. Et ensuite, les employeurs  savent qu'il   réduit  sensiblement  la morbidité et l'absentéisme  parmi leur personnel.  Comme la composition du vaccin change tous les ans, l'effet est cumulatif : ceux qui  prennent le vaccin chaque année bénéficient d'une protection plus complète qui s'élargit et  augmente avec le temps.     

8) Le Bronchovaxom  est un vaccin bactérien buccal  qui stimule l'immunité et est capable de réduire de moitié le nombre des rhumes, s'ils sont fréquents. Il s'agit  d'un traitement préventif  généralement proposé en début d'hiver.  Le schéma est  une capsule par jour pendant 10 jours, on interrompt 20 jours, on reprend 10 jours, trois fois de suite (3 mois).
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Traitements spécifiques : 

9)  Des rhumes répétés peuvent  provenir d'une allergie, que ce soit  à un allergène inhalé ou ingéré (allergie respiratoire ou alimentaire).  Un bilan allergique, par tests sanguins ou cutanés, complétés éventuellement par des tests de provocation, qui révélerait  une ou plusieurs  sensibilisation(s) significative(s) entraînera des mesures d'éviction et/ou des traitements plus spécifiques, mieux adaptés, et  a priori  plus efficaces.

10)  L'allergie au lait de vache  constitue un cas particulier.  Elle  provoque souvent des saignottements insoupçonnés  de la muqueuse digestive responsables  à la longue d'une carence en fer.   Cette carence fragilise les muqueuses,  diminuant leur résistance aux infections.  Manquer de   fer  (et de  zinc, les deux carences sont  régulièrement  associées)  diminue le sens du goût  (agueusie),  rendant  plus difficile la diversification alimentaire  et donc  l'introduction  d'aliments plus riches en fer que le lait.  Il  faut donc aussi corriger ces déficits.  Enfin l'allergie au lait de vache  est souvent  à l'origine  d'un reflux gastro-oesophagien qu'on traite parfois  sans soupçonner sa cause. Un probiotique, le lactobacillus rhamnosus, disponible en Belgique sous le nom d'Ergyphilus semble favoriser l'induction de tolérance dans certaines allergies alimentaires.

11) D'où qu'il provienne, le reflux  gastro-oesophagien  peut être  responsable d'infections respiratoires à répétition.  Une recherche de  ces  reflux,  par scintigraphie ou par  pH métrie, débouchant sur  un traitement  adéquat  résout  parfois  un  problème  de   rhumes, d'otites, de bronchites ou d'asthme  résistant à tous les autres traitements.

12)  Une sinusite chronique (souvent d'origine allergique)  peut se  présenter sous forme de rhumes fréquents ou permanents. Il arrive que les traitements classiques :  décongestionnants, fluidifiants des sécrétions, anti-allergiques, anti-inflammatoires  n'en viennent pas à bout. Les traitements antibiotiques sont rarement nécessaires et n'ont généralement  pas d'effet durable.  On peut néanmoins obtenir de bons résultats avec une petite dose de  clarithromycine  : 250  mg une fois par jour chez l'adulte , dose  plus réduite  chez l'enfant  et à  calculer selon  son poids.   Cette faible  dose de clarithromycine a un puissant effet anti-inflammatoire, peu ou pas d'action antibiotique et  peut être administrée au besoin pendant de longues périodes.  

13)    Toute maladie chronique  qui atteint l'état  général  ou  de nutrition  peut  également contribuer  à des rhumes anormalement  fréquents, qui justifient par conséquent un bilan  général.   Les déficits immunitaires congénitaux  sont   plus rares et sortent du cadre de cet aperçu.


 


 

 

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